Aux pantins de l'Union des 5 et à Uriel

Bien loin de moi l’idée de démarrer une lutte orale sans fin sur les babillards d’une simple auberge, mais il me fallait répondre à vos pauvres illusions de vaincu, Uriel. Ceci sera mon unique message, suite à quoi mes mains abandonneront définitivement la plume pour l’épée…

Pauvre fou, vous qui pensez avoir réduit en cendres la détermination de l’Ouest, vous qui dans une sotte analyse de la somptueuse victoire des Déméphis, croyez avoir immiscé la crainte dans nos cœurs. Savez-vous, réellement, ce que l’amertume de votre geste a semé?

D’abord, une alliance… Le réveil d’amitiés qui furent longtemps mises de côté pour le profit d’une individualité aujourd’hui révolue, grâce à vous. Des liens entre les divers membres de l’Axe d’une solidité seule forgée par la savoureuse fureur du combat et de la guerre. Même nos frères de Maïon ont su retrouver leur juste place parmi nous, repoussant avec véhémence les viles promesses qu’une langue de serpent telle la vôtre peut mielleusement prononcer.

Ensuite, une preuve… La preuve qu’une force inouïe habite nos peuples, acceptant de se départir de la moindre parcelle de leurs biens afin de faire avancer notre cause. Piller vous dites? Ce que j’ai obtenu de mes gens, ils me l’ont donné. Et leur sacrifice compréhensif fut récompensé d’une joie sans pareille lorsque la flèche adroite de Jézabeth atteint le cœur de la Folle de Lumière et imbiba d’eau glacée les chairs putréfiées des cadavres qui se plaisaient autrefois à gouverner l’un de vos absurdes pays.

Enfin, le plus beau des présents, la plus envoûtante des pensées… Une vengeance, la plus pure, la plus profonde, la plus patiente! La vengeance de Maugrim, qui longtemps n’avait pas ainsi été suscitée! La loi du Talion, à son état le plus bestial, peaufinée sur des siècles et des siècles dans la volonté crue et la grâce abyssale de notre Déméphis. Ses mots de châtiment caressent mon oreille et celle de ma grande maîtresse, dédoublant notre force de jour en jour. La jubilation gagne nos coeurs, car c’est dans la poussière retombée des combats, alors même que se règlent les comptes, que nous excellons.

Si de l’ombre à la lumière, il n’y a qu’un pas, sachez que de la lumière à l’ombre, il n’y a qu’un souffle. Ce fort sur nos berges aura tôt fait de connaître le même destin que celle qui lui aura légué son nom; et l’un comme l’autre sombreront dans l’oubli naturel d’une noirceur pénétrante.

Cachez-vous, rats! Nous vous trouverons néanmoins…

Joëlle
Élite de la Cavalière Pourpre