Le conte des Fleurs

Cette histoire m'a été contée par ma mère. Elle y raconte une leçon importante pour la société...Vous verrez bien!

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Il éxiste une bien belle histoire prenant place dans le Royaume de Milance, il y a de cela fort longtemps. Si longtemps, en fait, qu’on en oublia l’âge. D’ailleurs, cette épopée remonte à tant de générations qu’on en oublia qu’elle était vérité.

Une nuit de pleine lune, une femme donna naissance à une fille. Ils l’a prénommèrent Flora. L’enfant était magnifique, d’une beauté comme on en rencontrait rarement. Ses cheveux étaient noirs de jais, sa peau claire et soyeuse, son visage ovale et doux. Un seul défaut, cependant, lui gâchait la vie, selon ses géniteurs.
L’enfant était aveugle.
Son père, un riche marchand, fut outré par cette réalité. Cependant, l’accouchement difficle ayant rendu sa femme stérile, le força à accepter le fait que Flora serait son seul enfant.
La demoiselle grandit, et, à l’âge de 15 ans, son père tenta de lui trouver un fiancé. Cependant, aucun riche de son entourage ne souhaitait offrir à leur fils une femme qui n’y voyait rien. Comment pourrait-elle attirer quelconque intérêt, si elle ne pouvait pas voir où elle allait? Comment ferait-elle la cuisine? Comment ferait-elle le ménage? Comment pourrait-elle plaire complètement, avec ces yeux aux iris si pâles et voilés de brume?
Son père perdit espoir et se désinteressa de Flora. Celle-ci, en revanche, n’était pas comme les autres filles aveugles. Avides de sensations, la belle se prit de sentiments pour les plantes et les fleurs. Son odorat décuplé par son handicap visuel, elle passait des heures assise dans le jardin à humer le parfum des fleurs.
Elle allait au marché, s’arrêtait devant les étales, avec sa petite canne de bois, et restait là pour renifler doucement. Les gens la croyait folle, mais cela lui était bien égal. Tout ce qui lui était important, maintenant, était la douceur suave que pouvaient lui apporter ses petites amies végétales.
À l’âge de 21 ans, Flora rentra chez elle un après-midi après avoir passé la majeure partie de sa journées dans la vallée luxuriante qui jouxtait la ville. Arrivée à son logis, son père l’a fit s’asseoir, et il jeta au visage ces quelques paroles :

‘’ À cause de ta folie des fleurs, la réputation de mon commerce est en chute libre. Les gens te croient folle. La Folle aux Fleurs Flora! Je refuse de faire faillite. Va-t-en!’’

Chagrinée comme jamais, la pauvre fille partie, canne et baluchon à la main. Elle traversa à l’aveuglette toute la ville d’un pas pressé, se heurtant à quelques édifices, là où les gens lui lancèrent boutades mesquines et insultes gratuites.
Elle prit refuge dans une clairière, au milieu d’un bois sauvage. Seule, elle s’allongea parmis les fleurs et pleura longtemps sa peine. Elle y resta des heures.
Soudain, une voix rententit devant elle, douce et apaisante :

‘’ Flora, tendre et triste Flora.’’
‘’ Qui êtes-vous, sanglota la jeune femme.’’
‘’ Je suis ce que tu voudras que je sois.’’
‘’ Êtes-vous... Samiel?’’
‘’ Peut-être. Peut-être pas. Veux-tu que je le sois?’’

Flora ne comprenait pas.

‘’ Je veux que vous me veniez en aide, peu importe votre identité... Je ne suis rien d’autre qu’une aveugle, et je veux être comme les autres!’’
‘’ Je serai alors cet aide. Flora, tu attendras ici trois jours. Je ferai en sorte de t’envoyer un garçon en le poussant à s’égarer jusqu’à toi. Pour retrouver la vue, tu devras le tuer pour moi. Son âme contre ta vue. C’est mon prix.’’

Flora lui cria une question, mais aucune réponse ne vint. Alors, de nouveau seule, elle envisagea la possibilité. Elle tatonna autour d’elle, à la recherche de sa canne, et sa main effleura un coupant métallique. C’était la lame d’un poignard. Que valait la vie d’un homme tout aussi cruel que ces congénères face à son bonheur? C’était son tour de vivre, à présent.
Trois jours plus tard, comme promi, un homme vint à sa rencontre. Elle reçut un coup sur la tête. Un coup de branche, dirait-on.

‘’ Pardon, souffla la voix d’un jeune homme. Je me suis égaré en chemin. Je ne suis jamais passé par ces bois. Voulez-vous m’aider?’’

Curieuse et à la fois en colère, la belle Flora répondit qu’elle ne savait pas comment retrouver son chemin.

‘’ Alors je resterai ici quelques temps, se contenta de dire l’homme.’’

Il s’installa près d’elle.
La main sur la poignée de son arme dissimulé, Flora se tenait prête à frapper. Alors qu’elle hésitait, l’homme lui dit alors qu’elle sentait bon. Flora retint son coup. On ne lui avait jamais dit qu’elle sentait bon...

‘’ Vous êtes comme les fleurs, continua l’autre. Je suis Cidius. Qui êtes vous?’’
‘’ Flora...’’

Elle décida de ne pas le tuer...tout de suite.

Les quelques jours qui passèrent furent troublant pour elle. Le garçon lui avait construit une cabane de fortune, et, de temps à autre, fouillait les bois pour trouver le chemin du retour. Mais il revenait toujours, inlassable.
Au fil des jours suivant, Flora appris à la connaître un peu plus. Ils discutèrent sur les fleurs, tout particulièrement. Heureuse d’avoir un amateur de botanique près d’elle, Flora retrouva le sourire.
Ils s’aimèrent.

Mais, un soir où Flora dormait dans son abri, près de Cidius, la voix de l’être mystérieux retentit dans son esprit une fois de plus.

‘’ Le temps est bientôt écoulé. Si, au zénith, tu n’as pas fait ton choix, mon aide te sera retirée.’’

Et Flora ne dormit plus de la nuit.

Le lendemain matin, Cidius l’interrogea sur son silence, mais Flora secoua la tête d’un air insignifiant.
Sachant, à en sentir la chaleur du jour qui s’accentuait, que ce serait bientôt l’heure fatidique, Flora se leva pendant que Cidius lui annonçait son départ. L’entendant partir, elle se précipita dans sa direction, suivant le son de ses pas, leva son poignard...
Et le lança sur la gauche, bien loin du dos de l’homme.
Elle se cramponna à sa taille en pleurant de ne pas la quitter, qu’elle l’aimait, même si elle savait qu’il ne pourrait jamais lui rendre la pareille, puisqu’elle était une aveugle. Elle le pria tout de même de lui rendre visite dans ce coin isolée, et le supplia de...

‘’ Silence, chuchota Cidius. Aveugle ou pas, ça n’a pas d’importance.’’

Il toucha le bras de Flora avec sa main, et celle-ci suivit ses doigts et toucha un long baton.

‘’ Pourquoi m’offres-tu un bout de branche?’’
‘’ Tu n’as pas compris encore? Rit Cidius. Je suis aveugle également.’’

Stupéfaite, Flora sourit d’abord, puis se mit à pleurer en lui racontant l’acte affreux qu’elle était sur le point de commettre. Cidius rit de nouveau et lui expliqua qu’il savait tout ça, car il s’agissait de son plan. Il lui révéla alors qu’il était le fils d’un comte, vivant dans la même ville où Flora avait vécu. Il lui dit également qu’il avait eu vent de sa triste existence, de sa douceur gâchée par son handicap. Cependant, quand il s’était présenté chez son père pour la rencontrer, elle était déjà partie.
La voix qu’elle avait entendue était en fait celle d’un valet qui l’avait suivit jusqu’à son refuge floral. Afin d’évaluer sa pureté, le jeune comte avait créé cette épreuve pour savoir si l’amour qu’elle lui porterait serait plus grand que ces propres désirs superficiels.
En conclusion, le comte ramena Flora chez lui et l’épousa. La preuve fut donc donné que la valeur de l’âme prévaudrait toujours à l’enveloppe charnelle. Et, peu importe ce qu’on en dira, le couple vécu très heureux.
On fit même construire un magnifique jardin que l’on nomma : Les Jardins Aveugles.

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~ Amélia Beauregard ~
Novice de l'Ordre des Prêtre de Samiel